Comment évolue le marché des emballages et contenants ? Réponse avec Sylvia Ardouin

Comment évolue le marché des emballages et contenants ? Réponse avec Sylvia Ardouin

Comment évolue le marché des emballages et contenants ? Réponse avec Sylvia Ardouin

Comment évolue le marché des emballages et contenants ? Réponse avec Sylvia Ardouin

Directrice Marketing et Digital, Sylvia Ardouin a travaillé pendant 16 ans chez Tupperware. On peut dire qu’elle en connait un rayon sur les emballages et les contenants. Grande observatrice des tendances de consommation, elle nous apporte un regard très éclairé et affûté sur ce monde en profonde mutation.

VOUS AVEZ TRAVAILLÉ PLUS DE 16 ANS CHEZ TUPPERWARE, QUELLES ÉVOLUTIONS AVEZ-VOUS PU OBSERVER QUANT AUX EMBALLAGES ET CONTENANTS ?

Qu’il soit question des emballages ou des contenants, je dirais qu’ils se sont adaptés aux diverses transformations et notamment aux nouveaux modes de consommation.

Le marché des contenants a beaucoup évolué et il est très dynamique et cela pour deux raisons essentielles. D’abord, les modes de consommation. Ils ont plus bougé ces dix dernières années que les deux-cents dernières. Par exemple, on a pu observer une forte évolution sur la catégorie du On The Go. Toutes les formes de consommation alimentaire hors du domicile ont largement fait évoluer les emballages et les contenants.

Ensuite, nous avons observé les premiers effets de la forte sensibilisation faite concernant l’anti-gaspillage. C’est grâce à une puissante communication des médias, des entreprises et du gouvernement que nous avons vu émerger une prise de conscience. Aujourd’hui, on transforme, on cuisine, on consomme, on conserve et on re-transforme pour consommer à nouveau. La crise sanitaire du Covid a fortement aidé car les Français ont retrouvé plus que jamais le goût de la cuisine et du fait maison. De façon générale, nous sommes encore loin d’une démarche éco-responsable et restons malheureusement encore beaucoup trop dans le sur-emballage.

L’évolution démographique avec l’augmentation du nombre d’individus vivants seuls et le fait de consommer beaucoup plus fréquemment hors de son domicile ont largement contribué au développement de la portion individuelle qui est par nature l’ennemi écologique numéro 1.

Parmi les nouveaux modes de consommation, il ne faut pas oublier l’émergence du vrac et les questions que cela peut soulever sur l’emballage et les contenants.

Et enfin, plus récemment si on sort de l’alimentaire, la croissance fulgurante du e-commerce avec la livraison à domicile et du fast delivery qui viennent rajouter des enjeux de taille au sein des stratégies de supply chain.

Toutes ces évolutions amènent les entreprises à s’interroger et se renouveler et à chercher de nouvelles solutions mais toutes ne sont pas en capacité d’apporter de réelles réponses car cela représente des investissements très lourds notamment en R&D et en exécution.

LA DATA ET LE DIGITAL PEUVENT-ILS ACCOMPAGNER POSITIVEMENT LA MUTATION DE L’ENSEMBLE DU CYCLE DE VIE DE L’EMBALLAGE ?

Je dirais que oui, bien évidemment. De toute façon, la data et le digital ne peuvent qu’avoir un impact positif car cela nous donne des éléments extrêmement probants sur les modes de consommation. Je veux dire par là que tout ce qui est chiffré n’est pas discutable. Donc oui, la data et le digital, sur les emballages et les contenants, a effectivement un effet qui permet aux marques et aux industriels d’être beaucoup plus pertinents dans leurs offres. À partir du moment où on connaît mieux les habitudes des différentes typologies de consommateurs, nous sommes en mesure d’adapter non seulement les contenants (taille, forme…), mais également leurs fonctionnalités.

Au-delà du contenant alimentaire, sur l’emballage au sens plus large du terme, la forte croissance du e-commerce et les coûts importants représentés par les frais de livraison, la data et le digital permettent de mettre en place de nouveaux systèmes qui déterminent, par exemple, à la commande du client la dimension du carton en fonction du poids et de la taille du/des produits vendus. On a tous vécu cette aberration de recevoir un immense carton pour un tout petit produit.

Dans ce cadre, la data et le digital nous permettront de pouvoir être plus performants et plus éco-responsables. Mais encore une fois cela doit passer par une grande maturité digitale et de lourds investissements pour les entreprises.

SELON VOUS, QUELS SONT LES FREINS ACTUELS AU DÉVELOPPEMENT D’EMBALLAGES ÉCO-CONÇUS ?

Alors, je dirais que les freins actuels sont avant tout financiers, que ce soit dans la façon de traiter le cycle de vie de l’emballage ou le prix du/ des matériaux de base pour produire les contenants éco-responsables. Ce sont là encore des gros enjeux pour les industriels. L’innovation est aussi un frein car nous n’en sommes qu’au début, mais les matières premières pour fabriquer des contenants éco-conçus restent disponibles mais qu’en petites quantités et il faudra rapidement être en mesure de les fabriquer en masse.

Certaines entreprises avancent vite, mais pas suffisamment, compte tenu de tout ce qu’on continue à produire comme déchets d’emballages et nous savons que nous avons une horloge écologique qui tourne et qui n’attendra pas. Notre capacité à produire et à recycler les emballages n’est pas suffisamment importante. Cet enjeu est crucial car on ne peut pas continuer à produire plus et à ne pas être en mesure de recycler plus. Quand je dis recycler, ce n’est pas simplement traiter nos déchets, c’est recycler en de nouveaux contenants qui soient “adaptés aux besoins”, “éco-responsables”, “éco-innovants” et “réutilisables à l’infini”.

Il y a beaucoup de freins mais il existe aussi de nombreuses d’initiatives, et parfois très radiales, mais qui ne sont probablement pas suffisamment aidées et propulsées aujourd’hui. Je pense notamment au “zéro emballage” ; le vrac et la gestion du vrac. Il y a quand même beaucoup d’initiatives qui ont été mises en place par les marques et les distributeurs. Le problème, est qu’aujourd’hui le vrac est une distribution qui est encore trop confidentielle. Je pense que le vrac n’a pas encore tout à fait trouvé son format. L’offre et la distribution restent très contraignantes pour le consommateur qui n’est pas toujours récompensé pour ses efforts. Et puis, elle n’est pas toujours mise en valeur.

Aujourd’hui, certaines marques et enseignes proposent du vrac mais cela soulève de nombreuses questions de la part des consommateurs ; pourquoi le vrac est-il cantonné à des marques bio le plus souvent ? Pourquoi les prix ne sont-ils pas bien moins chers par rapport à d’autres produits équivalents emballés ?

Dans ces conditions, pas étonnant que le vrac n’ait pas encore trouvé un public plus large.

L’EMBALLAGE DU FUTUR RESSEMBLE À…

L’emballage du futur. Eh bien, je pense que c’est celui qu’on a pas envie de jeter, tout simplement ! Celui que l’on souhaite conserver car il a une utilité sans limite et qui résiste dans le temps. Pour moi, l’emballage du futur, c’est celui qui est utilisable, réutilisable et RECYCLABLE à l’infini.

Et puis, dernier point, l’emballage du futur devra être accessible à tous, géographiquement et financièrement.

En conclusion, l’emballage du futur, c’est celui qui est pratique, multi-usages, éco-friendly et dont on ne voudrait se séparer pour rien au monde !

Cette interview est issue de notre dossier spécial sur le packaging.

HC

Claire Gallic

Date de publication

30 mai 2022

Durée de lecture

10

minutes

Directrice Marketing et Digital, Sylvia Ardouin a travaillé pendant 16 ans chez Tupperware. On peut dire qu’elle en connait un rayon sur les emballages et les contenants. Grande observatrice des tendances de consommation, elle nous apporte un regard très éclairé et affûté sur ce monde en profonde mutation.

VOUS AVEZ TRAVAILLÉ PLUS DE 16 ANS CHEZ TUPPERWARE, QUELLES ÉVOLUTIONS AVEZ-VOUS PU OBSERVER QUANT AUX EMBALLAGES ET CONTENANTS ?

Qu’il soit question des emballages ou des contenants, je dirais qu’ils se sont adaptés aux diverses transformations et notamment aux nouveaux modes de consommation.

Le marché des contenants a beaucoup évolué et il est très dynamique et cela pour deux raisons essentielles. D’abord, les modes de consommation. Ils ont plus bougé ces dix dernières années que les deux-cents dernières. Par exemple, on a pu observer une forte évolution sur la catégorie du On The Go. Toutes les formes de consommation alimentaire hors du domicile ont largement fait évoluer les emballages et les contenants.

Ensuite, nous avons observé les premiers effets de la forte sensibilisation faite concernant l’anti-gaspillage. C’est grâce à une puissante communication des médias, des entreprises et du gouvernement que nous avons vu émerger une prise de conscience. Aujourd’hui, on transforme, on cuisine, on consomme, on conserve et on re-transforme pour consommer à nouveau. La crise sanitaire du Covid a fortement aidé car les Français ont retrouvé plus que jamais le goût de la cuisine et du fait maison. De façon générale, nous sommes encore loin d’une démarche éco-responsable et restons malheureusement encore beaucoup trop dans le sur-emballage.

L’évolution démographique avec l’augmentation du nombre d’individus vivants seuls et le fait de consommer beaucoup plus fréquemment hors de son domicile ont largement contribué au développement de la portion individuelle qui est par nature l’ennemi écologique numéro 1.

Parmi les nouveaux modes de consommation, il ne faut pas oublier l’émergence du vrac et les questions que cela peut soulever sur l’emballage et les contenants.

Et enfin, plus récemment si on sort de l’alimentaire, la croissance fulgurante du e-commerce avec la livraison à domicile et du fast delivery qui viennent rajouter des enjeux de taille au sein des stratégies de supply chain.

Toutes ces évolutions amènent les entreprises à s’interroger et se renouveler et à chercher de nouvelles solutions mais toutes ne sont pas en capacité d’apporter de réelles réponses car cela représente des investissements très lourds notamment en R&D et en exécution.

LA DATA ET LE DIGITAL PEUVENT-ILS ACCOMPAGNER POSITIVEMENT LA MUTATION DE L’ENSEMBLE DU CYCLE DE VIE DE L’EMBALLAGE ?

Je dirais que oui, bien évidemment. De toute façon, la data et le digital ne peuvent qu’avoir un impact positif car cela nous donne des éléments extrêmement probants sur les modes de consommation. Je veux dire par là que tout ce qui est chiffré n’est pas discutable. Donc oui, la data et le digital, sur les emballages et les contenants, a effectivement un effet qui permet aux marques et aux industriels d’être beaucoup plus pertinents dans leurs offres. À partir du moment où on connaît mieux les habitudes des différentes typologies de consommateurs, nous sommes en mesure d’adapter non seulement les contenants (taille, forme…), mais également leurs fonctionnalités.

Au-delà du contenant alimentaire, sur l’emballage au sens plus large du terme, la forte croissance du e-commerce et les coûts importants représentés par les frais de livraison, la data et le digital permettent de mettre en place de nouveaux systèmes qui déterminent, par exemple, à la commande du client la dimension du carton en fonction du poids et de la taille du/des produits vendus. On a tous vécu cette aberration de recevoir un immense carton pour un tout petit produit.

Dans ce cadre, la data et le digital nous permettront de pouvoir être plus performants et plus éco-responsables. Mais encore une fois cela doit passer par une grande maturité digitale et de lourds investissements pour les entreprises.

SELON VOUS, QUELS SONT LES FREINS ACTUELS AU DÉVELOPPEMENT D’EMBALLAGES ÉCO-CONÇUS ?

Alors, je dirais que les freins actuels sont avant tout financiers, que ce soit dans la façon de traiter le cycle de vie de l’emballage ou le prix du/ des matériaux de base pour produire les contenants éco-responsables. Ce sont là encore des gros enjeux pour les industriels. L’innovation est aussi un frein car nous n’en sommes qu’au début, mais les matières premières pour fabriquer des contenants éco-conçus restent disponibles mais qu’en petites quantités et il faudra rapidement être en mesure de les fabriquer en masse.

Certaines entreprises avancent vite, mais pas suffisamment, compte tenu de tout ce qu’on continue à produire comme déchets d’emballages et nous savons que nous avons une horloge écologique qui tourne et qui n’attendra pas. Notre capacité à produire et à recycler les emballages n’est pas suffisamment importante. Cet enjeu est crucial car on ne peut pas continuer à produire plus et à ne pas être en mesure de recycler plus. Quand je dis recycler, ce n’est pas simplement traiter nos déchets, c’est recycler en de nouveaux contenants qui soient “adaptés aux besoins”, “éco-responsables”, “éco-innovants” et “réutilisables à l’infini”.

Il y a beaucoup de freins mais il existe aussi de nombreuses d’initiatives, et parfois très radiales, mais qui ne sont probablement pas suffisamment aidées et propulsées aujourd’hui. Je pense notamment au “zéro emballage” ; le vrac et la gestion du vrac. Il y a quand même beaucoup d’initiatives qui ont été mises en place par les marques et les distributeurs. Le problème, est qu’aujourd’hui le vrac est une distribution qui est encore trop confidentielle. Je pense que le vrac n’a pas encore tout à fait trouvé son format. L’offre et la distribution restent très contraignantes pour le consommateur qui n’est pas toujours récompensé pour ses efforts. Et puis, elle n’est pas toujours mise en valeur.

Aujourd’hui, certaines marques et enseignes proposent du vrac mais cela soulève de nombreuses questions de la part des consommateurs ; pourquoi le vrac est-il cantonné à des marques bio le plus souvent ? Pourquoi les prix ne sont-ils pas bien moins chers par rapport à d’autres produits équivalents emballés ?

Dans ces conditions, pas étonnant que le vrac n’ait pas encore trouvé un public plus large.

L’EMBALLAGE DU FUTUR RESSEMBLE À…

L’emballage du futur. Eh bien, je pense que c’est celui qu’on a pas envie de jeter, tout simplement ! Celui que l’on souhaite conserver car il a une utilité sans limite et qui résiste dans le temps. Pour moi, l’emballage du futur, c’est celui qui est utilisable, réutilisable et RECYCLABLE à l’infini.

Et puis, dernier point, l’emballage du futur devra être accessible à tous, géographiquement et financièrement.

En conclusion, l’emballage du futur, c’est celui qui est pratique, multi-usages, éco-friendly et dont on ne voudrait se séparer pour rien au monde !

Cette interview est issue de notre dossier spécial sur le packaging.

HC

Claire Gallic

Date de publication

30 mai 2022

Durée de lecture

10

minutes

Directrice Marketing et Digital, Sylvia Ardouin a travaillé pendant 16 ans chez Tupperware. On peut dire qu’elle en connait un rayon sur les emballages et les contenants. Grande observatrice des tendances de consommation, elle nous apporte un regard très éclairé et affûté sur ce monde en profonde mutation.

VOUS AVEZ TRAVAILLÉ PLUS DE 16 ANS CHEZ TUPPERWARE, QUELLES ÉVOLUTIONS AVEZ-VOUS PU OBSERVER QUANT AUX EMBALLAGES ET CONTENANTS ?

Qu’il soit question des emballages ou des contenants, je dirais qu’ils se sont adaptés aux diverses transformations et notamment aux nouveaux modes de consommation.

Le marché des contenants a beaucoup évolué et il est très dynamique et cela pour deux raisons essentielles. D’abord, les modes de consommation. Ils ont plus bougé ces dix dernières années que les deux-cents dernières. Par exemple, on a pu observer une forte évolution sur la catégorie du On The Go. Toutes les formes de consommation alimentaire hors du domicile ont largement fait évoluer les emballages et les contenants.

Ensuite, nous avons observé les premiers effets de la forte sensibilisation faite concernant l’anti-gaspillage. C’est grâce à une puissante communication des médias, des entreprises et du gouvernement que nous avons vu émerger une prise de conscience. Aujourd’hui, on transforme, on cuisine, on consomme, on conserve et on re-transforme pour consommer à nouveau. La crise sanitaire du Covid a fortement aidé car les Français ont retrouvé plus que jamais le goût de la cuisine et du fait maison. De façon générale, nous sommes encore loin d’une démarche éco-responsable et restons malheureusement encore beaucoup trop dans le sur-emballage.

L’évolution démographique avec l’augmentation du nombre d’individus vivants seuls et le fait de consommer beaucoup plus fréquemment hors de son domicile ont largement contribué au développement de la portion individuelle qui est par nature l’ennemi écologique numéro 1.

Parmi les nouveaux modes de consommation, il ne faut pas oublier l’émergence du vrac et les questions que cela peut soulever sur l’emballage et les contenants.

Et enfin, plus récemment si on sort de l’alimentaire, la croissance fulgurante du e-commerce avec la livraison à domicile et du fast delivery qui viennent rajouter des enjeux de taille au sein des stratégies de supply chain.

Toutes ces évolutions amènent les entreprises à s’interroger et se renouveler et à chercher de nouvelles solutions mais toutes ne sont pas en capacité d’apporter de réelles réponses car cela représente des investissements très lourds notamment en R&D et en exécution.

LA DATA ET LE DIGITAL PEUVENT-ILS ACCOMPAGNER POSITIVEMENT LA MUTATION DE L’ENSEMBLE DU CYCLE DE VIE DE L’EMBALLAGE ?

Je dirais que oui, bien évidemment. De toute façon, la data et le digital ne peuvent qu’avoir un impact positif car cela nous donne des éléments extrêmement probants sur les modes de consommation. Je veux dire par là que tout ce qui est chiffré n’est pas discutable. Donc oui, la data et le digital, sur les emballages et les contenants, a effectivement un effet qui permet aux marques et aux industriels d’être beaucoup plus pertinents dans leurs offres. À partir du moment où on connaît mieux les habitudes des différentes typologies de consommateurs, nous sommes en mesure d’adapter non seulement les contenants (taille, forme…), mais également leurs fonctionnalités.

Au-delà du contenant alimentaire, sur l’emballage au sens plus large du terme, la forte croissance du e-commerce et les coûts importants représentés par les frais de livraison, la data et le digital permettent de mettre en place de nouveaux systèmes qui déterminent, par exemple, à la commande du client la dimension du carton en fonction du poids et de la taille du/des produits vendus. On a tous vécu cette aberration de recevoir un immense carton pour un tout petit produit.

Dans ce cadre, la data et le digital nous permettront de pouvoir être plus performants et plus éco-responsables. Mais encore une fois cela doit passer par une grande maturité digitale et de lourds investissements pour les entreprises.

SELON VOUS, QUELS SONT LES FREINS ACTUELS AU DÉVELOPPEMENT D’EMBALLAGES ÉCO-CONÇUS ?

Alors, je dirais que les freins actuels sont avant tout financiers, que ce soit dans la façon de traiter le cycle de vie de l’emballage ou le prix du/ des matériaux de base pour produire les contenants éco-responsables. Ce sont là encore des gros enjeux pour les industriels. L’innovation est aussi un frein car nous n’en sommes qu’au début, mais les matières premières pour fabriquer des contenants éco-conçus restent disponibles mais qu’en petites quantités et il faudra rapidement être en mesure de les fabriquer en masse.

Certaines entreprises avancent vite, mais pas suffisamment, compte tenu de tout ce qu’on continue à produire comme déchets d’emballages et nous savons que nous avons une horloge écologique qui tourne et qui n’attendra pas. Notre capacité à produire et à recycler les emballages n’est pas suffisamment importante. Cet enjeu est crucial car on ne peut pas continuer à produire plus et à ne pas être en mesure de recycler plus. Quand je dis recycler, ce n’est pas simplement traiter nos déchets, c’est recycler en de nouveaux contenants qui soient “adaptés aux besoins”, “éco-responsables”, “éco-innovants” et “réutilisables à l’infini”.

Il y a beaucoup de freins mais il existe aussi de nombreuses d’initiatives, et parfois très radiales, mais qui ne sont probablement pas suffisamment aidées et propulsées aujourd’hui. Je pense notamment au “zéro emballage” ; le vrac et la gestion du vrac. Il y a quand même beaucoup d’initiatives qui ont été mises en place par les marques et les distributeurs. Le problème, est qu’aujourd’hui le vrac est une distribution qui est encore trop confidentielle. Je pense que le vrac n’a pas encore tout à fait trouvé son format. L’offre et la distribution restent très contraignantes pour le consommateur qui n’est pas toujours récompensé pour ses efforts. Et puis, elle n’est pas toujours mise en valeur.

Aujourd’hui, certaines marques et enseignes proposent du vrac mais cela soulève de nombreuses questions de la part des consommateurs ; pourquoi le vrac est-il cantonné à des marques bio le plus souvent ? Pourquoi les prix ne sont-ils pas bien moins chers par rapport à d’autres produits équivalents emballés ?

Dans ces conditions, pas étonnant que le vrac n’ait pas encore trouvé un public plus large.

L’EMBALLAGE DU FUTUR RESSEMBLE À…

L’emballage du futur. Eh bien, je pense que c’est celui qu’on a pas envie de jeter, tout simplement ! Celui que l’on souhaite conserver car il a une utilité sans limite et qui résiste dans le temps. Pour moi, l’emballage du futur, c’est celui qui est utilisable, réutilisable et RECYCLABLE à l’infini.

Et puis, dernier point, l’emballage du futur devra être accessible à tous, géographiquement et financièrement.

En conclusion, l’emballage du futur, c’est celui qui est pratique, multi-usages, éco-friendly et dont on ne voudrait se séparer pour rien au monde !

Cette interview est issue de notre dossier spécial sur le packaging.

HC

Claire Gallic

Date de publication

30 mai 2022

Durée de lecture

10

minutes

Directrice Marketing et Digital, Sylvia Ardouin a travaillé pendant 16 ans chez Tupperware. On peut dire qu’elle en connait un rayon sur les emballages et les contenants. Grande observatrice des tendances de consommation, elle nous apporte un regard très éclairé et affûté sur ce monde en profonde mutation.

VOUS AVEZ TRAVAILLÉ PLUS DE 16 ANS CHEZ TUPPERWARE, QUELLES ÉVOLUTIONS AVEZ-VOUS PU OBSERVER QUANT AUX EMBALLAGES ET CONTENANTS ?

Qu’il soit question des emballages ou des contenants, je dirais qu’ils se sont adaptés aux diverses transformations et notamment aux nouveaux modes de consommation.

Le marché des contenants a beaucoup évolué et il est très dynamique et cela pour deux raisons essentielles. D’abord, les modes de consommation. Ils ont plus bougé ces dix dernières années que les deux-cents dernières. Par exemple, on a pu observer une forte évolution sur la catégorie du On The Go. Toutes les formes de consommation alimentaire hors du domicile ont largement fait évoluer les emballages et les contenants.

Ensuite, nous avons observé les premiers effets de la forte sensibilisation faite concernant l’anti-gaspillage. C’est grâce à une puissante communication des médias, des entreprises et du gouvernement que nous avons vu émerger une prise de conscience. Aujourd’hui, on transforme, on cuisine, on consomme, on conserve et on re-transforme pour consommer à nouveau. La crise sanitaire du Covid a fortement aidé car les Français ont retrouvé plus que jamais le goût de la cuisine et du fait maison. De façon générale, nous sommes encore loin d’une démarche éco-responsable et restons malheureusement encore beaucoup trop dans le sur-emballage.

L’évolution démographique avec l’augmentation du nombre d’individus vivants seuls et le fait de consommer beaucoup plus fréquemment hors de son domicile ont largement contribué au développement de la portion individuelle qui est par nature l’ennemi écologique numéro 1.

Parmi les nouveaux modes de consommation, il ne faut pas oublier l’émergence du vrac et les questions que cela peut soulever sur l’emballage et les contenants.

Et enfin, plus récemment si on sort de l’alimentaire, la croissance fulgurante du e-commerce avec la livraison à domicile et du fast delivery qui viennent rajouter des enjeux de taille au sein des stratégies de supply chain.

Toutes ces évolutions amènent les entreprises à s’interroger et se renouveler et à chercher de nouvelles solutions mais toutes ne sont pas en capacité d’apporter de réelles réponses car cela représente des investissements très lourds notamment en R&D et en exécution.

LA DATA ET LE DIGITAL PEUVENT-ILS ACCOMPAGNER POSITIVEMENT LA MUTATION DE L’ENSEMBLE DU CYCLE DE VIE DE L’EMBALLAGE ?

Je dirais que oui, bien évidemment. De toute façon, la data et le digital ne peuvent qu’avoir un impact positif car cela nous donne des éléments extrêmement probants sur les modes de consommation. Je veux dire par là que tout ce qui est chiffré n’est pas discutable. Donc oui, la data et le digital, sur les emballages et les contenants, a effectivement un effet qui permet aux marques et aux industriels d’être beaucoup plus pertinents dans leurs offres. À partir du moment où on connaît mieux les habitudes des différentes typologies de consommateurs, nous sommes en mesure d’adapter non seulement les contenants (taille, forme…), mais également leurs fonctionnalités.

Au-delà du contenant alimentaire, sur l’emballage au sens plus large du terme, la forte croissance du e-commerce et les coûts importants représentés par les frais de livraison, la data et le digital permettent de mettre en place de nouveaux systèmes qui déterminent, par exemple, à la commande du client la dimension du carton en fonction du poids et de la taille du/des produits vendus. On a tous vécu cette aberration de recevoir un immense carton pour un tout petit produit.

Dans ce cadre, la data et le digital nous permettront de pouvoir être plus performants et plus éco-responsables. Mais encore une fois cela doit passer par une grande maturité digitale et de lourds investissements pour les entreprises.

SELON VOUS, QUELS SONT LES FREINS ACTUELS AU DÉVELOPPEMENT D’EMBALLAGES ÉCO-CONÇUS ?

Alors, je dirais que les freins actuels sont avant tout financiers, que ce soit dans la façon de traiter le cycle de vie de l’emballage ou le prix du/ des matériaux de base pour produire les contenants éco-responsables. Ce sont là encore des gros enjeux pour les industriels. L’innovation est aussi un frein car nous n’en sommes qu’au début, mais les matières premières pour fabriquer des contenants éco-conçus restent disponibles mais qu’en petites quantités et il faudra rapidement être en mesure de les fabriquer en masse.

Certaines entreprises avancent vite, mais pas suffisamment, compte tenu de tout ce qu’on continue à produire comme déchets d’emballages et nous savons que nous avons une horloge écologique qui tourne et qui n’attendra pas. Notre capacité à produire et à recycler les emballages n’est pas suffisamment importante. Cet enjeu est crucial car on ne peut pas continuer à produire plus et à ne pas être en mesure de recycler plus. Quand je dis recycler, ce n’est pas simplement traiter nos déchets, c’est recycler en de nouveaux contenants qui soient “adaptés aux besoins”, “éco-responsables”, “éco-innovants” et “réutilisables à l’infini”.

Il y a beaucoup de freins mais il existe aussi de nombreuses d’initiatives, et parfois très radiales, mais qui ne sont probablement pas suffisamment aidées et propulsées aujourd’hui. Je pense notamment au “zéro emballage” ; le vrac et la gestion du vrac. Il y a quand même beaucoup d’initiatives qui ont été mises en place par les marques et les distributeurs. Le problème, est qu’aujourd’hui le vrac est une distribution qui est encore trop confidentielle. Je pense que le vrac n’a pas encore tout à fait trouvé son format. L’offre et la distribution restent très contraignantes pour le consommateur qui n’est pas toujours récompensé pour ses efforts. Et puis, elle n’est pas toujours mise en valeur.

Aujourd’hui, certaines marques et enseignes proposent du vrac mais cela soulève de nombreuses questions de la part des consommateurs ; pourquoi le vrac est-il cantonné à des marques bio le plus souvent ? Pourquoi les prix ne sont-ils pas bien moins chers par rapport à d’autres produits équivalents emballés ?

Dans ces conditions, pas étonnant que le vrac n’ait pas encore trouvé un public plus large.

L’EMBALLAGE DU FUTUR RESSEMBLE À…

L’emballage du futur. Eh bien, je pense que c’est celui qu’on a pas envie de jeter, tout simplement ! Celui que l’on souhaite conserver car il a une utilité sans limite et qui résiste dans le temps. Pour moi, l’emballage du futur, c’est celui qui est utilisable, réutilisable et RECYCLABLE à l’infini.

Et puis, dernier point, l’emballage du futur devra être accessible à tous, géographiquement et financièrement.

En conclusion, l’emballage du futur, c’est celui qui est pratique, multi-usages, éco-friendly et dont on ne voudrait se séparer pour rien au monde !

Cette interview est issue de notre dossier spécial sur le packaging.

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Stéphane Caoki

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Manuel Cornet

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