La place prépondérante du packaging dans l'expérience client

La place prépondérante du packaging dans l'expérience client

La place prépondérante du packaging dans l'expérience client

La place prépondérante du packaging dans l'expérience client

Dans le cadre de notre dossier sur le packaging, nous avons interviewé Anne-Sophie Denmat, Directrice conseil chez Nouvelle Vague. Vous avez déjà pu notamment la lire dans l’article de blog Le consommateur face au panel des labels de l’agroalimentaire.

SELON TOI, QU’EST-CE QU’UN BON PACKAGING ?

Je pense qu’un “bon pack” doit déjà assurer sa fonction primaire d’usage (protéger, conserver, transporter…) : un pack, aussi attractif soit-il, qui n’est pas utile ou qui ne remplit pas son contrat de base (avec un système d’ouverture défaillant par exemple), n’est à mon sens pas un bon pack.

Ensuite, il me semble qu’un bon pack est un pack “juste”, qui réussit l’amalgame de ses dimensions endomorphiques (prise en compte des codes invariants inhérents à sa catégorie de marché / produit, qui en garantissent son appartenance) et exomorphiques (intégration d’éléments singuliers, propres à la marque et à son identité, qui visent à produire de la différenciation et à émerger).

Il s’agit donc, dans sa conception, de réaliser le bon équilibre entre :

  • la communication de messages cognitifs, informationnels, et d’autres d’ordre plus affectifs ;

  • la diffusion de la culture de la marque, à travers la mise en avant de ses attributs identitaires et sémantiques.

Un “bon pack” est en outre un pack qui ne laissera pas indifférent et qui conditionnera l’acte d’achat (a minima la prise en main) par l’émotion qu’il provoquera : réassurance, interrogation, désirabilité.

COMMENT UN BON PACKAGING PEUT TRANSFORMER L’EXPÉRIENCE CLIENT ? ON VOIT DE PLUS EN PLUS DE PACKAGINGS NARRATIFS, DE PACKAGINGS BAVARDS. EN QUOI LE STORYTELLING INFLUENCE LE POSITIONNEMENT D’UNE MARQUE ET S’IMPRIME DANS LES ESPRITS DES CONSOMMATEURS ?

Le pack s’inscrit à part entière dans l’expérience client, dans la relation qui lie la marque à ses consommateurs et dont il est un vecteur. De début, de continuité, d’étonnement, de réassurance, de rupture parfois et peut-être même de réconciliation ou de réenchantement ? C’est une des expressions du contrat de confiance que la marque établit avec ses acheteurs.

Le discours de la marque peut prendre racine sur le pack et se prolonger sur d’autres canaux (site web, réseaux sociaux), et réciproquement, pour une expérience augmentée.

Par exemple, la brasserie d’insertion sociale Tête Haute a créé une gamme de bières éphémères baptisées Pow Wow, dont les recettes sont élaborées par ses salarié.e.s en fin de contrat. Des salarié.e.s qui ont tou.te.s une histoire au cours de laquelle, à un moment donné, ils/elles sont sorti.e.s du monde du travail pour une raison quelconque, et à qui la brasserie a permis de relancer la trajectoire professionnelle via un contrat d’insertion. La narration de ce parcours démarre sur la canette de bière… et se poursuit sur le site web de la marque, vers lequel le consommateur est redirigé par un système de QR code.

Autre exemple : la marque de literie Eve, dont le conditionnement des produits est un concept en soi, de cheminement jusqu’à la rencontre du lit ou du matelas. Emballage avec un système de découpes atypique, qui reprend la forme du logo, notices à la tonalité connivente, jeu de typos, teinte flashy… rien n’est laissé au hasard pour entrer en relation avec la marque, avant même d’avoir éprouvé le produit.

LABELS, MENTIONS LÉGALES, NUTRISCORE, ETC. OBLIGATIONS OU LEVIERS MARKETING ?

Obligations, dans l’ensemble. Ils font partie des points de repère devenus incontournables, attendus par les consommateurs pour orienter leurs choix (lesquels, quoi qu’il en soit, iront chercher l’information ailleurs si elle est manquante. Exemple : Yuka). Toutefois, la surenchère d’éléments on pack peut créer un effet de saturation ou générer une complexité qui va à l’encontre de la lisibilité qu’ils sont censés apporter.

L’enjeu, pour les marques, est une fois encore de délivrer sur leurs emballages la “juste information”, à laquelle peuvent contribuer certaines allégations, afin de conforter le consommateur dans son acte d’achat.

QUELLE PLACE OCCUPE LE DESIGN ET QUEL EST SON IMPACT SUR L’ACTE D’ACHAT ? D’AILLEURS, CÔTÉ DESIGN, AS-TU OBSERVÉ DES TENDANCES DANS LES COULEURS, LES TYPOGRAPHIES, LES ILLUSTRATIONS ?

Le design est central et influence bien sûr les comportements d’achat : 44 % des consommateurs estiment même que l’emballage, qui est parfois leur premier contact avec la marque ou le produit, s’avère “déterminant” dans leur décision.

À produits équivalents, ou dont la différenciation n’est pas fondamentalement perceptible, le design sanctionne le choix par la plus value émotionnelle qu’il amène. Mais, une fois encore, il ne doit pas être “gratuit” et doit s’inscrire en cohérence avec l’esprit de la marque. À moins qu’il transforme un usage et/ou challenge les codes d’une catégorie de manière inédite, un design nouveau mais hors-sol, qui ne fait pas sens, relève selon moi de la fantaisie marketing.

En termes de tendances, on peut noter évidemment le souci croissant des industriels de fabriquer des emballages durables, réutilisables, en optant pour des matériaux éco-responsables ou biodégradables (cf. sachet en papier de la marque Florette pour sa gamme Agrilogique, qui a été validé par les organismes en charge des filières de recyclage en France).

Le less is more reste toujours dans l’air du temps, avec des packs minimalistes, épurés au maximum, transparents ou monochromes, à l’instar de ce que proposent les marques de cosmétiques “green” Avril ou Typology, ou encore la marque de café Norlo. Par ailleurs la nostalgie, à l’œuvre de manière plus globale dans la société (cf. sortie en film de Dragon Ball Z, retour en force de la mode des nineties chez les étudiants…), se traduit également on pack par l’utilisation de codes vintage : illustrations, typographies, formes géométriques, couleurs vives et saturées. Par exemple, la marque “La Vie” a développé un territoire d’expression global dans un esprit seventies “flower power”, presque un peu “psychédélique”, qui confère à ses emballages de lardons végétaux une identité singulière et inédite. Une façon d’embarquer, dès le pack, ses consommateurs dans une histoire et un univers totalement inattendus, sur une catégorie de produits aux codes plutôt standardisés.

HC

Claire Gallic

Date de publication

23 août 2022

Durée de lecture

10

minutes

Dans le cadre de notre dossier sur le packaging, nous avons interviewé Anne-Sophie Denmat, Directrice conseil chez Nouvelle Vague. Vous avez déjà pu notamment la lire dans l’article de blog Le consommateur face au panel des labels de l’agroalimentaire.

SELON TOI, QU’EST-CE QU’UN BON PACKAGING ?

Je pense qu’un “bon pack” doit déjà assurer sa fonction primaire d’usage (protéger, conserver, transporter…) : un pack, aussi attractif soit-il, qui n’est pas utile ou qui ne remplit pas son contrat de base (avec un système d’ouverture défaillant par exemple), n’est à mon sens pas un bon pack.

Ensuite, il me semble qu’un bon pack est un pack “juste”, qui réussit l’amalgame de ses dimensions endomorphiques (prise en compte des codes invariants inhérents à sa catégorie de marché / produit, qui en garantissent son appartenance) et exomorphiques (intégration d’éléments singuliers, propres à la marque et à son identité, qui visent à produire de la différenciation et à émerger).

Il s’agit donc, dans sa conception, de réaliser le bon équilibre entre :

  • la communication de messages cognitifs, informationnels, et d’autres d’ordre plus affectifs ;

  • la diffusion de la culture de la marque, à travers la mise en avant de ses attributs identitaires et sémantiques.

Un “bon pack” est en outre un pack qui ne laissera pas indifférent et qui conditionnera l’acte d’achat (a minima la prise en main) par l’émotion qu’il provoquera : réassurance, interrogation, désirabilité.

COMMENT UN BON PACKAGING PEUT TRANSFORMER L’EXPÉRIENCE CLIENT ? ON VOIT DE PLUS EN PLUS DE PACKAGINGS NARRATIFS, DE PACKAGINGS BAVARDS. EN QUOI LE STORYTELLING INFLUENCE LE POSITIONNEMENT D’UNE MARQUE ET S’IMPRIME DANS LES ESPRITS DES CONSOMMATEURS ?

Le pack s’inscrit à part entière dans l’expérience client, dans la relation qui lie la marque à ses consommateurs et dont il est un vecteur. De début, de continuité, d’étonnement, de réassurance, de rupture parfois et peut-être même de réconciliation ou de réenchantement ? C’est une des expressions du contrat de confiance que la marque établit avec ses acheteurs.

Le discours de la marque peut prendre racine sur le pack et se prolonger sur d’autres canaux (site web, réseaux sociaux), et réciproquement, pour une expérience augmentée.

Par exemple, la brasserie d’insertion sociale Tête Haute a créé une gamme de bières éphémères baptisées Pow Wow, dont les recettes sont élaborées par ses salarié.e.s en fin de contrat. Des salarié.e.s qui ont tou.te.s une histoire au cours de laquelle, à un moment donné, ils/elles sont sorti.e.s du monde du travail pour une raison quelconque, et à qui la brasserie a permis de relancer la trajectoire professionnelle via un contrat d’insertion. La narration de ce parcours démarre sur la canette de bière… et se poursuit sur le site web de la marque, vers lequel le consommateur est redirigé par un système de QR code.

Autre exemple : la marque de literie Eve, dont le conditionnement des produits est un concept en soi, de cheminement jusqu’à la rencontre du lit ou du matelas. Emballage avec un système de découpes atypique, qui reprend la forme du logo, notices à la tonalité connivente, jeu de typos, teinte flashy… rien n’est laissé au hasard pour entrer en relation avec la marque, avant même d’avoir éprouvé le produit.

LABELS, MENTIONS LÉGALES, NUTRISCORE, ETC. OBLIGATIONS OU LEVIERS MARKETING ?

Obligations, dans l’ensemble. Ils font partie des points de repère devenus incontournables, attendus par les consommateurs pour orienter leurs choix (lesquels, quoi qu’il en soit, iront chercher l’information ailleurs si elle est manquante. Exemple : Yuka). Toutefois, la surenchère d’éléments on pack peut créer un effet de saturation ou générer une complexité qui va à l’encontre de la lisibilité qu’ils sont censés apporter.

L’enjeu, pour les marques, est une fois encore de délivrer sur leurs emballages la “juste information”, à laquelle peuvent contribuer certaines allégations, afin de conforter le consommateur dans son acte d’achat.

QUELLE PLACE OCCUPE LE DESIGN ET QUEL EST SON IMPACT SUR L’ACTE D’ACHAT ? D’AILLEURS, CÔTÉ DESIGN, AS-TU OBSERVÉ DES TENDANCES DANS LES COULEURS, LES TYPOGRAPHIES, LES ILLUSTRATIONS ?

Le design est central et influence bien sûr les comportements d’achat : 44 % des consommateurs estiment même que l’emballage, qui est parfois leur premier contact avec la marque ou le produit, s’avère “déterminant” dans leur décision.

À produits équivalents, ou dont la différenciation n’est pas fondamentalement perceptible, le design sanctionne le choix par la plus value émotionnelle qu’il amène. Mais, une fois encore, il ne doit pas être “gratuit” et doit s’inscrire en cohérence avec l’esprit de la marque. À moins qu’il transforme un usage et/ou challenge les codes d’une catégorie de manière inédite, un design nouveau mais hors-sol, qui ne fait pas sens, relève selon moi de la fantaisie marketing.

En termes de tendances, on peut noter évidemment le souci croissant des industriels de fabriquer des emballages durables, réutilisables, en optant pour des matériaux éco-responsables ou biodégradables (cf. sachet en papier de la marque Florette pour sa gamme Agrilogique, qui a été validé par les organismes en charge des filières de recyclage en France).

Le less is more reste toujours dans l’air du temps, avec des packs minimalistes, épurés au maximum, transparents ou monochromes, à l’instar de ce que proposent les marques de cosmétiques “green” Avril ou Typology, ou encore la marque de café Norlo. Par ailleurs la nostalgie, à l’œuvre de manière plus globale dans la société (cf. sortie en film de Dragon Ball Z, retour en force de la mode des nineties chez les étudiants…), se traduit également on pack par l’utilisation de codes vintage : illustrations, typographies, formes géométriques, couleurs vives et saturées. Par exemple, la marque “La Vie” a développé un territoire d’expression global dans un esprit seventies “flower power”, presque un peu “psychédélique”, qui confère à ses emballages de lardons végétaux une identité singulière et inédite. Une façon d’embarquer, dès le pack, ses consommateurs dans une histoire et un univers totalement inattendus, sur une catégorie de produits aux codes plutôt standardisés.

HC

Claire Gallic

Date de publication

23 août 2022

Durée de lecture

10

minutes

Dans le cadre de notre dossier sur le packaging, nous avons interviewé Anne-Sophie Denmat, Directrice conseil chez Nouvelle Vague. Vous avez déjà pu notamment la lire dans l’article de blog Le consommateur face au panel des labels de l’agroalimentaire.

SELON TOI, QU’EST-CE QU’UN BON PACKAGING ?

Je pense qu’un “bon pack” doit déjà assurer sa fonction primaire d’usage (protéger, conserver, transporter…) : un pack, aussi attractif soit-il, qui n’est pas utile ou qui ne remplit pas son contrat de base (avec un système d’ouverture défaillant par exemple), n’est à mon sens pas un bon pack.

Ensuite, il me semble qu’un bon pack est un pack “juste”, qui réussit l’amalgame de ses dimensions endomorphiques (prise en compte des codes invariants inhérents à sa catégorie de marché / produit, qui en garantissent son appartenance) et exomorphiques (intégration d’éléments singuliers, propres à la marque et à son identité, qui visent à produire de la différenciation et à émerger).

Il s’agit donc, dans sa conception, de réaliser le bon équilibre entre :

  • la communication de messages cognitifs, informationnels, et d’autres d’ordre plus affectifs ;

  • la diffusion de la culture de la marque, à travers la mise en avant de ses attributs identitaires et sémantiques.

Un “bon pack” est en outre un pack qui ne laissera pas indifférent et qui conditionnera l’acte d’achat (a minima la prise en main) par l’émotion qu’il provoquera : réassurance, interrogation, désirabilité.

COMMENT UN BON PACKAGING PEUT TRANSFORMER L’EXPÉRIENCE CLIENT ? ON VOIT DE PLUS EN PLUS DE PACKAGINGS NARRATIFS, DE PACKAGINGS BAVARDS. EN QUOI LE STORYTELLING INFLUENCE LE POSITIONNEMENT D’UNE MARQUE ET S’IMPRIME DANS LES ESPRITS DES CONSOMMATEURS ?

Le pack s’inscrit à part entière dans l’expérience client, dans la relation qui lie la marque à ses consommateurs et dont il est un vecteur. De début, de continuité, d’étonnement, de réassurance, de rupture parfois et peut-être même de réconciliation ou de réenchantement ? C’est une des expressions du contrat de confiance que la marque établit avec ses acheteurs.

Le discours de la marque peut prendre racine sur le pack et se prolonger sur d’autres canaux (site web, réseaux sociaux), et réciproquement, pour une expérience augmentée.

Par exemple, la brasserie d’insertion sociale Tête Haute a créé une gamme de bières éphémères baptisées Pow Wow, dont les recettes sont élaborées par ses salarié.e.s en fin de contrat. Des salarié.e.s qui ont tou.te.s une histoire au cours de laquelle, à un moment donné, ils/elles sont sorti.e.s du monde du travail pour une raison quelconque, et à qui la brasserie a permis de relancer la trajectoire professionnelle via un contrat d’insertion. La narration de ce parcours démarre sur la canette de bière… et se poursuit sur le site web de la marque, vers lequel le consommateur est redirigé par un système de QR code.

Autre exemple : la marque de literie Eve, dont le conditionnement des produits est un concept en soi, de cheminement jusqu’à la rencontre du lit ou du matelas. Emballage avec un système de découpes atypique, qui reprend la forme du logo, notices à la tonalité connivente, jeu de typos, teinte flashy… rien n’est laissé au hasard pour entrer en relation avec la marque, avant même d’avoir éprouvé le produit.

LABELS, MENTIONS LÉGALES, NUTRISCORE, ETC. OBLIGATIONS OU LEVIERS MARKETING ?

Obligations, dans l’ensemble. Ils font partie des points de repère devenus incontournables, attendus par les consommateurs pour orienter leurs choix (lesquels, quoi qu’il en soit, iront chercher l’information ailleurs si elle est manquante. Exemple : Yuka). Toutefois, la surenchère d’éléments on pack peut créer un effet de saturation ou générer une complexité qui va à l’encontre de la lisibilité qu’ils sont censés apporter.

L’enjeu, pour les marques, est une fois encore de délivrer sur leurs emballages la “juste information”, à laquelle peuvent contribuer certaines allégations, afin de conforter le consommateur dans son acte d’achat.

QUELLE PLACE OCCUPE LE DESIGN ET QUEL EST SON IMPACT SUR L’ACTE D’ACHAT ? D’AILLEURS, CÔTÉ DESIGN, AS-TU OBSERVÉ DES TENDANCES DANS LES COULEURS, LES TYPOGRAPHIES, LES ILLUSTRATIONS ?

Le design est central et influence bien sûr les comportements d’achat : 44 % des consommateurs estiment même que l’emballage, qui est parfois leur premier contact avec la marque ou le produit, s’avère “déterminant” dans leur décision.

À produits équivalents, ou dont la différenciation n’est pas fondamentalement perceptible, le design sanctionne le choix par la plus value émotionnelle qu’il amène. Mais, une fois encore, il ne doit pas être “gratuit” et doit s’inscrire en cohérence avec l’esprit de la marque. À moins qu’il transforme un usage et/ou challenge les codes d’une catégorie de manière inédite, un design nouveau mais hors-sol, qui ne fait pas sens, relève selon moi de la fantaisie marketing.

En termes de tendances, on peut noter évidemment le souci croissant des industriels de fabriquer des emballages durables, réutilisables, en optant pour des matériaux éco-responsables ou biodégradables (cf. sachet en papier de la marque Florette pour sa gamme Agrilogique, qui a été validé par les organismes en charge des filières de recyclage en France).

Le less is more reste toujours dans l’air du temps, avec des packs minimalistes, épurés au maximum, transparents ou monochromes, à l’instar de ce que proposent les marques de cosmétiques “green” Avril ou Typology, ou encore la marque de café Norlo. Par ailleurs la nostalgie, à l’œuvre de manière plus globale dans la société (cf. sortie en film de Dragon Ball Z, retour en force de la mode des nineties chez les étudiants…), se traduit également on pack par l’utilisation de codes vintage : illustrations, typographies, formes géométriques, couleurs vives et saturées. Par exemple, la marque “La Vie” a développé un territoire d’expression global dans un esprit seventies “flower power”, presque un peu “psychédélique”, qui confère à ses emballages de lardons végétaux une identité singulière et inédite. Une façon d’embarquer, dès le pack, ses consommateurs dans une histoire et un univers totalement inattendus, sur une catégorie de produits aux codes plutôt standardisés.

HC

Claire Gallic

Date de publication

23 août 2022

Durée de lecture

10

minutes

Dans le cadre de notre dossier sur le packaging, nous avons interviewé Anne-Sophie Denmat, Directrice conseil chez Nouvelle Vague. Vous avez déjà pu notamment la lire dans l’article de blog Le consommateur face au panel des labels de l’agroalimentaire.

SELON TOI, QU’EST-CE QU’UN BON PACKAGING ?

Je pense qu’un “bon pack” doit déjà assurer sa fonction primaire d’usage (protéger, conserver, transporter…) : un pack, aussi attractif soit-il, qui n’est pas utile ou qui ne remplit pas son contrat de base (avec un système d’ouverture défaillant par exemple), n’est à mon sens pas un bon pack.

Ensuite, il me semble qu’un bon pack est un pack “juste”, qui réussit l’amalgame de ses dimensions endomorphiques (prise en compte des codes invariants inhérents à sa catégorie de marché / produit, qui en garantissent son appartenance) et exomorphiques (intégration d’éléments singuliers, propres à la marque et à son identité, qui visent à produire de la différenciation et à émerger).

Il s’agit donc, dans sa conception, de réaliser le bon équilibre entre :

  • la communication de messages cognitifs, informationnels, et d’autres d’ordre plus affectifs ;

  • la diffusion de la culture de la marque, à travers la mise en avant de ses attributs identitaires et sémantiques.

Un “bon pack” est en outre un pack qui ne laissera pas indifférent et qui conditionnera l’acte d’achat (a minima la prise en main) par l’émotion qu’il provoquera : réassurance, interrogation, désirabilité.

COMMENT UN BON PACKAGING PEUT TRANSFORMER L’EXPÉRIENCE CLIENT ? ON VOIT DE PLUS EN PLUS DE PACKAGINGS NARRATIFS, DE PACKAGINGS BAVARDS. EN QUOI LE STORYTELLING INFLUENCE LE POSITIONNEMENT D’UNE MARQUE ET S’IMPRIME DANS LES ESPRITS DES CONSOMMATEURS ?

Le pack s’inscrit à part entière dans l’expérience client, dans la relation qui lie la marque à ses consommateurs et dont il est un vecteur. De début, de continuité, d’étonnement, de réassurance, de rupture parfois et peut-être même de réconciliation ou de réenchantement ? C’est une des expressions du contrat de confiance que la marque établit avec ses acheteurs.

Le discours de la marque peut prendre racine sur le pack et se prolonger sur d’autres canaux (site web, réseaux sociaux), et réciproquement, pour une expérience augmentée.

Par exemple, la brasserie d’insertion sociale Tête Haute a créé une gamme de bières éphémères baptisées Pow Wow, dont les recettes sont élaborées par ses salarié.e.s en fin de contrat. Des salarié.e.s qui ont tou.te.s une histoire au cours de laquelle, à un moment donné, ils/elles sont sorti.e.s du monde du travail pour une raison quelconque, et à qui la brasserie a permis de relancer la trajectoire professionnelle via un contrat d’insertion. La narration de ce parcours démarre sur la canette de bière… et se poursuit sur le site web de la marque, vers lequel le consommateur est redirigé par un système de QR code.

Autre exemple : la marque de literie Eve, dont le conditionnement des produits est un concept en soi, de cheminement jusqu’à la rencontre du lit ou du matelas. Emballage avec un système de découpes atypique, qui reprend la forme du logo, notices à la tonalité connivente, jeu de typos, teinte flashy… rien n’est laissé au hasard pour entrer en relation avec la marque, avant même d’avoir éprouvé le produit.

LABELS, MENTIONS LÉGALES, NUTRISCORE, ETC. OBLIGATIONS OU LEVIERS MARKETING ?

Obligations, dans l’ensemble. Ils font partie des points de repère devenus incontournables, attendus par les consommateurs pour orienter leurs choix (lesquels, quoi qu’il en soit, iront chercher l’information ailleurs si elle est manquante. Exemple : Yuka). Toutefois, la surenchère d’éléments on pack peut créer un effet de saturation ou générer une complexité qui va à l’encontre de la lisibilité qu’ils sont censés apporter.

L’enjeu, pour les marques, est une fois encore de délivrer sur leurs emballages la “juste information”, à laquelle peuvent contribuer certaines allégations, afin de conforter le consommateur dans son acte d’achat.

QUELLE PLACE OCCUPE LE DESIGN ET QUEL EST SON IMPACT SUR L’ACTE D’ACHAT ? D’AILLEURS, CÔTÉ DESIGN, AS-TU OBSERVÉ DES TENDANCES DANS LES COULEURS, LES TYPOGRAPHIES, LES ILLUSTRATIONS ?

Le design est central et influence bien sûr les comportements d’achat : 44 % des consommateurs estiment même que l’emballage, qui est parfois leur premier contact avec la marque ou le produit, s’avère “déterminant” dans leur décision.

À produits équivalents, ou dont la différenciation n’est pas fondamentalement perceptible, le design sanctionne le choix par la plus value émotionnelle qu’il amène. Mais, une fois encore, il ne doit pas être “gratuit” et doit s’inscrire en cohérence avec l’esprit de la marque. À moins qu’il transforme un usage et/ou challenge les codes d’une catégorie de manière inédite, un design nouveau mais hors-sol, qui ne fait pas sens, relève selon moi de la fantaisie marketing.

En termes de tendances, on peut noter évidemment le souci croissant des industriels de fabriquer des emballages durables, réutilisables, en optant pour des matériaux éco-responsables ou biodégradables (cf. sachet en papier de la marque Florette pour sa gamme Agrilogique, qui a été validé par les organismes en charge des filières de recyclage en France).

Le less is more reste toujours dans l’air du temps, avec des packs minimalistes, épurés au maximum, transparents ou monochromes, à l’instar de ce que proposent les marques de cosmétiques “green” Avril ou Typology, ou encore la marque de café Norlo. Par ailleurs la nostalgie, à l’œuvre de manière plus globale dans la société (cf. sortie en film de Dragon Ball Z, retour en force de la mode des nineties chez les étudiants…), se traduit également on pack par l’utilisation de codes vintage : illustrations, typographies, formes géométriques, couleurs vives et saturées. Par exemple, la marque “La Vie” a développé un territoire d’expression global dans un esprit seventies “flower power”, presque un peu “psychédélique”, qui confère à ses emballages de lardons végétaux une identité singulière et inédite. Une façon d’embarquer, dès le pack, ses consommateurs dans une histoire et un univers totalement inattendus, sur une catégorie de produits aux codes plutôt standardisés.

HC

Claire Gallic

Date de publication

23 août 2022

Durée de lecture

10

minutes

Newbiz

Stéphane Caoki

Recrutement

Manuel Cornet

NOUVELLE VAGUE

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Manuel Cornet

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Manuel Cornet

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